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"Un os dans la gorge des dieux" de Gaston ZOSSOU : Une satire des pratiques mystérieuses africaines

par Justin AMOUSSOU 5 Juillet 2013, 19:22 Bénin Sorcellerie

Peu de romans d’auteurs Béninois, à ma connaissance, explorent les tréfonds des réalités ancestrales du pays. L’auteur du roman "Un os dans la gorge des dieux" en a fait, son domaine de prédilection. Il excelle dans la description des coups fomentés par l’ennemi, dans l’ombre. Du coup, le lecteur viole, pour ainsi dire, l’univers des mécréants. Un monde à part entière. Des mauvaises gens ? La muse de l’auteur est singulière.

"Un os dans la gorge des dieux". Un titre assez évocateur d’un roman paru chez l’éditeur "Riveneuse Editions" en 2012. Son auteur : l’ancien ministre de la communication Gaston Zossou. On peut se perdre en conjectures sur le titre du chef-œuvre. Sauf que, la combinaison de chaque mot résume l’essentiel. La substantifique moelle du titre de l’œuvre est, sans fioriture, un problème impossible à résoudre, une difficulté extrême à laquelle sont confrontés des dieux. C’est, tout court, une quadrature du cercle. Ce roman est de la même trame que celui intitulé "La guerre des choses dans l’ombre" paru en 2004. Quand un homme projette de s’attaquer à l’ordre établi, il doit se préparer à payer le juste prix de son audace. C’est ce qu’a subi le personnage principal Tadjin, un tresseur de corde. La trentaine d’années, l’homme a défié et méprisé la divinité Shango sur la place publique, au vu et au su de tous. Pendant que tout le monde, sans exception, se prosternait prestement et tremblait de frayeur à la vue de la soucoupe humaine de cette divinité, le courageux, lui, n’a trouvé mieux à faire que de mitrailler de regard la divinité enchevauchée dans un adepte. Il n’a pas jugé utile de porter la divinité aux nues. Sacrilège !

IMPRECATIONS A FOISON

Par son audace sans précédent, Tadjin a déclenché le courroux des dignitaires chenus de Shango. Ceux-ci ont tenté de l’anéantir. En vain. Les prêtes de la divinité Ogou sont appelés à la rescousse. Une clause alléchante du lucre sert de socle à leur motivation pour corriger l’homme afin que personne ne s’y méprend et ne s’y essaie. Commence alors la guerre sans merci entre le tresseur de corde et les autres dieux du panthéon. L’hostilité de la guerre des choses dans l’ombre est ainsi déclenchée. Une menace de sept jours est brandie contre l’apostat pour le voir mourir. Passé ce délai, l’impertinent rouquin débordait toujours de forme et de vie. Plusieurs autres tentatives n’ont pas prospéré. Le burlesque, c’est la mort humiliante du chef Ogou dont l’expertise est sollicitée. Une mort par pendaison. Dommage, il n’a pas pu décrocher la timbale promise, une fois la mission réussie. En réalité, Tadjin détient une ceinture magique qu’il noue toujours à sa hanche. C’est l’antidote de toutes les attaques des choses de l’ombre contre sa personne. Trois années sont passées et le jeune homme promis à la mort continue de respirer à pleins poumons.

UNE BAISSE DE GARDE FATALE

Seulement, la vengeance est un plat qui se mange froid. Ces années écoulées ont permis aux bourreaux du tresseur de corde de mieux prendre le temps de préparer et de réussir leur vengeance. La chute de l’audacieux a été fulgurante. A l’origine du relâchement de l’homme, une femme nubile, bien bâtie, ronde et dodue. Elle avait pour mission de s’emparer de la ceinture protectrice de l’insolent. Ce dernier a succombé à la tentation avec cette créature féminine. Au finish, Shango a foudroyé et éventré Tadjin. Oh ! Les femmes ! Elles guerroient à mains nues. L’épilogue de cette satire contée dans le roman "Un os dans la gorge des dieux", n’est pas sans se rappeler une histoire récente. Celle de Dominique Strauss Kahn (Dsk) et de Nafissatou Diallo dans l’hôtel Sofitel de New York. Le 14 mai 2011, dans la suite 2806, pendant 8 minutes précisément. Une affaire hors norme qui a connu son dénouement le 10 décembre 2012. C’est un secret de polichinelle, la dégringolade de Dsk est bel et bien une femme. Personne ne saura, sans doute, ce qui s’est vraiment passé dans cette chambre d’hôtel. Mais ces quelques minutes auront modifié le cours de l’élection présidentielle en France et connu un écho retentissant dans le monde entier.

"Un os dans la gorge des dieux" est un roman de 226 pages, réparties en 15 chapitres : Le peuple des eaux, La foi transversale, Le regard, Le conciliabule, Shangodara, Le lâche, Panique au sommet, Le renfort, So-glo-Gou glo, Un homme d’honneur, Le danseur sacrilège, La femme, La tentation, Le châtiment, Ogou jaja.

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